L’enfant et le chien.
Il y a un moment, dans le développement mental d’un enfant, où il devient plus intelligent qu’un chien, mais méfions-nous des apparences…
Observons ce bébé qui avance, à 4 pattes, vers la prise électrique pour vérifier que ses petits doigts mouillés y rentrent parfaitement. Lorsqu’il entend son père ou sa mère hurler, il s’arrête. Lorsque le chien fonce vers le facteur pour le mordre, quand son maître ou sa maîtresse lui hurle dessus, il s’arrête également. À ce stade, on pourrait donc considérer que le bébé et le chien en sont au même seuil d’évolution.
Seulement, il y a une différence de taille.
Laquelle me direz-vous ?
Nous y venons.
Lorsque le chien réagit, sa réaction se situe au niveau strict de l’obéissance. Cette obéissance est conditionnée par la peur : peur d’être grondé, peur d’être battu, peur d’être abandonné et de perdre la main qui caresse et qui nourrit.
Chez l’enfant, la réaction peut se situer à différents niveaux. Elle peut se placer, comme pour le chien, à un strict niveau d’obéissance, mais elle peut également être la conséquence directe d’un début de prise de conscience personnelle quand aux dangers de la vie moderne ainsi qu’à la nécessité de règles dans une vie sociale.
Au cours de ma longue carrière, j’ai pu observer de nombreux enfants dans différents contextes. Je me souviens d’une crèche très étrange, dans le XIXe arrondissement, où les enfants n’étaient pas du tout obéissants mais développaient une conscience sociale et personnelle tout à fait étonnante. Étant très rarement grondés, ils intégraient d’eux même cette conscience personnelle pour permettre à leur lieu de vie de continuer à fonctionner normalement. J’irai même jusqu’à affirmer que ces enfants, prenant conscience de certains manques structurants de leurs propres parents et sous l’emprise d’un gourou turc dont je tairai le nom, dépassaient le stade du chien beaucoup plus tôt que des enfants évoluant dans un cadre « normal ».
Est-ce un bien, est-ce un mal ?
L’avenir nous le dira.
Il serait d’ailleurs intéressant de remplacer au sein de cette crèche, et à titre strictement expérimental, les enfants par des chiens. Peut-être se mettraient-ils à parler ?
Quoi qu’il en soit nous manquons de budgets pour ce type d’expériences mais, heureusement, la science est là pour éclairer ces zones d’ombres qui tout à la fois nous questionnent et nous fascinent.
Docteur Jean-Tube Charlatus,
pédopsychobobo à la Clinique des Glands.
Dernier ouvrage paru : « L’accomplissement par les glands » aux Éditions des Glands.