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EN FORME DE BRUITS
Les textes qui suivent ont été écrit pendant des ateliers organisés à l’Espace Jemmapes avec des sourds, des mal-entendants et des entendants autour d’un travail sur le corps, le rythme et la langue des signes. Ces textes ont été traduits en langue des signes et ont été intégrés à un spectacle donné fin mai par les stagiaires.
Ce fut pour moi, je l’avoue, l’occasion de rencontrer une communauté et une langue (magnifique !) que j’ignorais.
Merci à eux.
Vers moi…
Vers moi tes yeux chantent
Et ta voix transparente
Offre à mon corps las
La douceur d’un petit chat
Vers moi tes bras se tendent
Tu ne peux pas m’entendre
Mais ma chanson de guingois
Ne sera que pour toi
Quelque part dans l’au-delà
Mes mains dansent pour toi
Et dessinent enfin les signes
D’une rime féminine
Par ta bouche, par ton corps
Tu me parles tout bas
Et je comprends alors
Tout ce que jusque là
Je n’entendais pas
Ignatus 2006
Donne moi
Donne-moi le bout de tes doigts
Pour l’instant ça suffira
Donne-moi le blanc de tes yeux
Ou juste un peu de ce que tu veux
N’écoutes plus le vent
Sens sa caresse
N’écoute plus les gens
Sens ma promesse
N’écoute plus la pluie
Sens son odeur
N’écoute que la vie
Et sa douceur
Laisse la peau te parler
Laisse les mots se reposer
Laisse le temps profiter
De ce que tu veux bien lui donner
Ignatus 2006
Viens dans mon bateau
Viens dans mon bateau
Au milieu de l’océan
Pas besoin de mots
Juste besoin du vent
Viens dans mon bateau
On prendra le temps
Pas besoin d’être beau
On s’ra comme des enfants
Viens dans mon bateau
On ira sur l’île
Qui fait peur aux badauds
On y sera tranquille
Viens dans mon bateau
Et sens sur tes lèvres
Le goût de cette eau
Rivière adultère
Viens dans mon bateau
Et vois sur mes lèvres
Une phrase, ce mot
Qui raconte mon rêve
Ignatus
2006
LA GRANDE SURFACE
Un texte écrit sur une musique de Cyril Douay.
Des boulots dérisoires
Bulles de savon sans espoir
Dans ma banlieue dortoir, je m’égare
Et dans la grande surface
Malgré mes efforts, je ne trouve pas ma place
Ma place dans cet espace efficace, ça m’dépasse
En traînant ma carcasse, je rêvasse
Je rêve d’un p’tit étang
Avec des canards des enfants
Une cabane en bois blanc, simplement
Mais dans la grande surface
Toutes ces grandes allées sont pour moi des impasses
Impasses dans cet espace sans audace, ça m’dépasse
Au milieu des ananas, je rêvasse
Je rêve de sable de fin
D’la fille des produits d’entretien
Et ensemble on est bien, on est loin
Loin de cette grande surface
Toute cette crasse dégueulasse qui s’amasse en masse
Impasse dans cette espace en surplace, quelle angoisse
Adieu pigeons et pétasses, je me casse
Impasses dans cet espace sans audace, ça m’dépasse
Impasse dans cette espace en surplace, quelle angoisse
Toute cette crasse dégueulasse qui s’amasse, quelle angoisse
Adieu pigeons et pétasses, je me casse