Les cent ans du disque
18 décembre 2009Le disque a connu son aurore entre 1900 et 1910, et voici son crépuscule… Il aura donc été au coeur de la musique pendant cent ans, fabriquant la première vedette «populaire» (Caruso) et faisant d’un art un commerce.
Et pourtant, comme beaucoup, je regrette la mort du disque.
Oui, bien sûr, la scène ! D’ailleurs, avant le disque et la radio, on ne pouvait entendre de la musique qu’en présence de musiciens. Mais Sergent Pepper n’a jamais été joué sur scène et plutôt que de tourner sans cesse devant des foules en délires, les Beatles ont carrément bien fait de s’enfermer pendant des mois dans les studios d’Abbey Road pour pondre celui là et d’autres. Il y a une musique «naturellement» destinée à la scène, mais il y a aussi des musiques qui relèvent plus de la recherche sonore, de l’imaginaire ou de l’intime, et ces musiques s’expriment d’abord via l’enregistrement. Il serait donc dommage que la mort du disque marginalise de nombreux artistes qui ne soient pas forcément des «bêtes de scène».
Et je terminerais cette chronique avec un exemple caractéristique. De mon point de vue, le meilleur album français de 2009 est celui de Holden : «Fantomatisme». Ce disque est magnifique, il comporte de très belles chansons et le travail sur les textures sonores est exceptionnel. Et c’est un échec commercial. Ce ne sont pas des «bêtes de scène» (même si leurs concerts sont excellents), leurs chansons sont «particulières» et ils ne sont sans doute plus assez jeunes pour plaire aux médias. C’est un groupe qui se découvre d’abord par le disque. Il faut aussi le temps du disque pour entrer dans cet univers particulier qu’est le leur. Une chanson en mp3 écoutée vite fait ne suffit pas.
Y aura-t-il encore de la place pour des groupes comme Holden dans les prochaines années ?
ignatus
décembre 2009