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La cérémonie du couchage

Comme pour le président descendant de l’avion, la remise de la médaille d’or ou le mariage princier, le couchage d’un enfant obéit à un protocole rigoureux et immuable. Il est facile de constater qu’il y a autant de « cérémonie » de couchage que de famille, voire d’enfant. Mais d’où viennent ces coutumes ? Qui les instaure ?
André a 3 ans et ne dort pas avant que son père ou sa mère lui ai lu entre 10 et 15 histoires. Béatrice a le même âge et ses parents ne lui lisent jamais d’histoire. Est-ce dans la « nature » de Béatrice de ne pas aimer les histoires alors qu’André les adore ? Ce cérémonial est-il le reflet de leur personnalité profonde ?
Ignorant de leurs coutumes respectives, les familles d’André et de Béatrice décident de partir en vacances ensemble dans une maison à la campagne.
Il est 19h30, le papa d’André propose :
– et si on les mettait en pyjama ?
– pourquoi pas, vous le couchez à quelle heure d’habitude ?
– à 8 heures, tous les soirs. Et vous ?
– ben nous, c’est plutôt 9 heures, mais en vacances, ça peut être plus tard.
Un compromis est trouvé à 20h30.
Les parents d’André pensent : c’est n’importe quoi, tu m’étonnes que la gamine elle est geignarde et toute petite.
Les parents de Béatrice pensent : c’est nul ; si on les couche tôt, ils vont se réveiller tôt, adieu les grasses mat !
Au moment du couchage, la mère de Béatrice voit sa consoeur débarquer dans la chambre avec une pile de bouquin. Une discussion s’en suit et un compromis est trouvé : la mère d’André lira 5 histoires aux 2 enfants, ce qui a l’air de réjouir Béatrice…
Les parents d’André pensent : c’est quoi ces gens qui ne lisent pas d’histoire, ils l’aiments pas, leur gamine ! Et puis la lecture, c’est sain. Je parie que chez eux la télé est toujours allumée.
Les parents de Béatrice pensent : ils sont dingues, c’est un esclavage ce truc. Et si ça se trouve, en rentrant de vacances, elle va nous réclamer des histoires ! Je me demande à quelle heure ils dînent ?
ça y est, les histoires sont lues, la mère d’André redescend :
– j’ai laissé une petite lumière dans la chambre, ça ne dérange pas ?
– heu… oui mais Béatrice ne va pas dormir, elle est habituée au noir complet !
Coup de bol, il y a un paravent qui traîne dans un coin et on s’en contentera. Mais ça n’empêche pas les parent d’André de penser : « et comment elle fera, leur gamine, pour aller pisser ? Elle fera dans son lit, tiens ! Et puis, la nuit, quand ils se réveillent, le noir, ça fait peur. Ils sont vraiment trop con, on aurait jamais du partir en vacances avec eux ». Et les parents de Béatrice de penser : « encore un esclavage. Et comment ils feront sous la tente ou dans un lieu sans électricité ? Et ils trouvent qu’il n’y a pas assez de centrales nucléaires comme ça ! . Ils sont vraiment trop con, on aurait jamais du partir en vacances avec eux »
Donc, vous l’aurez compris, le protocole de la cérémonie du couchage est décidé par les parents et correspond à ce qu’ils attendent de leur relation avec l’enfant avec 2 tendances fortes :
– « nous sommes indispensable »,
– « halte à l’esclavage ».
Je conseille donc à tous les parents qui envisagent de partir en vacances ensemble d’acheter mon dernier ouvrage « l’enfant, partage ou esclavage » dont les annexes comportent un test psychologique très bien fait et qui vous dira dans quelle catégorie vous êtes. Si vos amis sont dans la même catégorie que vous, vous pouvez réserver la maison, tout se passera bien. Sinon…

Docteur Jean-Tube Charlatus, glandopsychiatre à la Clinique des Glands.
Dernier ouvrage paru : « l’enfant, partage ou esclavage » aux Éditions Fernand Nagland.

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