Je remercie le hasard qui
Un album riche et libre.
C’est ce qu’en a dit un ami et cela m’a plu.
C’est un album pour lequel j’ai eu envie d’explorer les mots et les sons comme je n’avais jamais fait jusque là. J’avais le temps.
J’ai pesé les mots, je les ai goûté, et ma bouche les a travaillé.
J’ai joué avec les sons, les instruments, les réverbérations, les espaces.
Face à la « surenchère du son », j’ai voulu retrouver des textures plus simples, plus naturelles ; éviter la compression qui empêche la respiration.
Face à la surenchère du « plaire vite » j’ai préféré prendre le risque de plaire à peu, mais beaucoup et longtemps.
Les amis :
– Michel Schick m’accompagne sur scène depuis plusieurs années, il a écrit et joué les arrangements de plusieurs chansons (clarinettes, saxophones),
– Amour et Christian Makouaya sont des griots-conteurs-musiciens congolais avec qui je collabore également depuis longtemps, ils m’ont inspiré deux titres avec leurs sanzas magiques et leurs chants inspirés des traditions pygmées,
– Nicolas Losson est compositeur de musique acousmatique, il m’a aidé à mixer l’album en y apportant une oreille différente, un travail de jongleur sur les fréquences et les espaces,
– Frédéric Bernet et son groupe « The Strange O » ont amené leur particularité,
– Jean Cohen-Solal m’a fait don de très beaux sons, et m’a laissé faire dessus des expérimenta-sons,
– Benoît Rault de Ben’s Symfonic Orchestra et Nicolas Deutsch ont posé leurs pattes délicates sur les longs manches des basses.
Voilà. En 1997, j’ai fondé Ignatub et auto-produit mon premier album « L’air est différent ». Je n’ai, par ailleurs, jamais été un gros vendeur de disques. Donc la crise ne me fait pas peur et, au final, l’objectif principal de ce disque n’est pas de se vendre. Je cherche simplement à partager ce quelque chose que j’ai en moi.
Ils ont dit…
«Ignatus peut se vanter d’être profondément singulier» … «à l’heure du tout à l’ego, Ignatus nous fait redécouvrir les vertus bénéfiques d’un «je» pas du tout égocentrique au service de textes intelligents sur des mélodies sensibles (et vice-versa)» (Eric Nahon, Longueur d’Ondes)
«Travail de titan pour l’amour de l’art, l’album est littéralement porté par son humour et sa dérision, sa naïveté préservée et toutes ses utopies» (Gérard Bar-David, HitMuseMag)
«C’est magnifique» (Rom, La Blogothèque)
«Le tout fait un album «Je remercie le hasard qui…», ô combien précieux, en ces temps où l’on prie pour que des artistes comme Ignatus continuent à exister, créer, explorer, comme ils l’ont toujours fait» (Emmanuel Marolle, Le Parisien/blog)
«Des mots délicatement et parfois humoristiquement travaillés, des arrangements au plus simple, une belle recette musicale pour aboutir à des chansons légères à écouter et à lire. Un artiste original.» (Franck Dufil, FrancoFans)
«il amène une autre texture d’arrangements musicaux» (Bernard Chereze, France Inter)
«Ignatus est à la fois un artisan et un architecte et c’est en modelant les sons et les mots à sa propre manière qu’il en arrive à faire des chansons qu’il interprète comme il le sent, sans qu’aucune contrainte ne lui soit dictée par qui que ce soit … Et comme par miracle ça fonctionne…» (Fred Delforge, ZicaZic.com)
«On ne peut que soutenir la démarche d’ignatus» (Sophian Fanen, Libération)
«Ignatus continue son parcours, invariablement, enrichissant encore un peu plus son patrimoine musical personnel avec des chansons débordantes de générosité, pleines de mots et d’arrangements plus beaux que jamais. Des caractéristiques qui font la particularité de cet artiste unique, loin de tout éclairage médiatique et que l’on retrouve à chaque nouvel album avec un plaisir intact» Note : 4 sur 5 (Benoît Richard, BenzineMag.net)
L’album titre par titre :
Mon amour.
Un titre parti du travail sur ordinateur. J’ai utilisé notamment des voix de chamans sibériens et la bande son d’un entraînement de kendo au Japon. Les «clac», ce sont les sabres en bambou qui s’entrechoquent, les «bruits de bête», ce sont des kiaï ralentis. Pour le texte, c’est un coup de gueule contre la mollesse ambiante. On est dans un monde de plus en plus individualiste où chacun ne cherche qu’à sauver sa peau et garder son petit confort. Pour la partie sur les «dealers de peur», je pensais surtout à Sarko, c’était pendant la campagne quand il draguait les électeurs du FN.
Dans l’herbe.
Une chanson enregistrée sans clic car je la voulais totalement détendue. J’ai d’abord enregistré la guitare, puis le piano et la voix. La basse et les arrangements sont venus à la fin. On a enregistré les clarinettes dans mon salon avec 2 micros : un pour la proximité, un pour l’ambiance (la reverb naturelle de la pièce). Michel Schick a fait un travail très spécial sur sa clarinette pour lui donner une couleur particulière, avec beaucoup de souffle. Pour le clip, j’avais demandé à Olivier Martin (qui avait fait «les p’tits chiens») de bosser sur cette chanson il y a plus de 2 ans. Au début, il a pas mal tourné en rond, manquant d’une idée directrice. Il a eu l’»étincelle» de l’herbier dans une insomnie et tout s’est déclenché à partir de là. Il a bossé avec Christophe Portier, qui avait fait les pochettes des Objets et celles de mes 2 premiers albums.
Le soleil chante.
C’est parti d’une contrainte de l’Oulipo (jeux de contraintes sur l’écriture). J’avais écrit ce texte pour m’amuser pendant les vacances, je ne pensais pas le mettre sur l’album. J’ai composé volontairement une musique très simple dans un esprit Jo Dassin et les copains de mon orchestre de mélodicas ont fait les choeurs à la fin d’une répétition. C’est Fred de The Strange «O» qui a fait le banjo et la mandoline.
Lourd, lourd.
C’est un morceau que j’avais composé au départ au piano. J’ai essayé pas mal de fois de rejouer cette partie de piano pour l’album mais ça lui donnait une couleur trop «jazzy» et ça ne me plaisait pas. Du coup, j’ai laissé la guitare (jouée par Ludo Pin sur les couplets)conduire la chanson et je le joue à la guitare aussi sur scène. La rythmique est construite sur un enregistrement de balais ralenti et trafiqué. Le texte a une double rime avec un travail de sonorité sur les sons précédant la rime finale. Ca m’a été inspiré par «l’anamour» de Gainsbourg et on retrouve ça aussi dans «Ce soir».
Que tu dis.
J’aime bien sortir du format chanson couplet/refrain classique. De fait, sur cet album, les chansons avec des refrains sont minoritaires ! Ce titre est parti d’une «mélopée» jouée à la sanza (piano à pouces) par Amour et Christian Makouaya avec qui je travaille depuis pas mal d’années maintenant. Pour les arrangements de sax de Michel, la direction était : entre «Ethiopiques» et Fella !
Ce soir.
C’est une chanson que j’avais composé piano/voix (avec la «double rime» mentionnée plus tôt). J’ai travaillé avec The Strange «O» sur plusieurs titres (j’ai écrit un texte sur une musique de Fred, ils ont arrangé aussi «Place Alphonse Chenal»). Cet arrangement me plaisait particulièrement, il a été enregistré «live» dans un grand studio en banlieue, le seul passage en studio pour cet album…
Pas question.
De passage chez Jean Cohen-Solal près d’Avignon, il me propose de l’enregistrer sur des improvisations. Chez moi, je découpe en rondelle une de ces impros, je programme ces «moments» sur un clavier, et je cherche… En procédant ainsi, en utilisant le hasard, je pense trouver de nouveaux chemins, trouver des harmonies non conventionnelles. Et ça raconte l’histoire de gens perdus dans la neige alors que le soleil commence à baisser. Un jour, dans le TGV, j’ai vu un homme marcher au milieu d’un grand champs couvert de neige, le texte est parti comme ça. Je me suis rappelé aussi une balade en raquettes dans les Vosges où on s’était un peu paumé.
J’ai mixé l’album avec Nicolas Losson, compositeur de musique électro-acoustique (ou acousmatique). Il a une approche sur les fréquences et l’espace vraiment intéressante. Pour ce titre, l’idée c’était : je chuchote la chanson pendant qu’un ensemble de flûte joue au fond de l’église. L’opposition des traitement de son (pas de reverb sur la voix, reverb très longue sur les flûtes) suggère un ressenti particulier. Non ?
Place Alphonse Chenal.
Deux de mes gamins sont allé dans une crèche parentale de mon quartier. Le gars qui s’occupe de cette crèche est passionné de musique et il avait accumulé au fil des années pas mal d’instruments de percussions, notamment de clochettes. J’ai samplé ces clochette et je les ai disposé ici et là…
Les hommes.
C’est Nicolas Losson qui a sauvé ce titre en l’épurant. On y retrouve Jean Cohen-Solal avec un orgue à bouche d’Asie du Sud-Est.
Les ventres des ministres.
Spéciale dédicace à Jacques Chirac.
Les doux calculs.
Une impro au piano sur des ambiances inspirées des traditions pygmées. Amour et Christian avaient travaillé avec des pygmés quand ils étudiaient les traditions orales du Congo pendant leurs études à Brazaville.