Face à la mer
Face à la mer, nous notons quatre niveaux d’implication : la voiture, la digue, le sable, l’eau.
Implication de niveau 1 : je me gare face à la mer et je la regarde de la voiture. Quelques audacieux parfois entrouvent la fenêtre mais il est bien entendu hors de question de descendre de l’auto, car, à l’extérieur menace le monstre tentaculaire qui affaiblit le corps et l’esprit : le vent ! Le vent qui apporte cette chose terrible que l’on attrape malgré soi : le froid. Donc, la consigne est de ne pas sortir de l’auto pour ne pas attraper froid car comme chacun sait, à la mer, il est plus facile d’attraper froid que d’attraper des mérous. Et il est d’autant plus considéré comme dangereux de sortir de sa voiture que cela impliquerait la marche, donc un effort physique qui risquerait d’affaiblir l’organisme et de le rendre d’autant plus vulnérable aux attaques mesquines du vent.
Implication de niveau 2 : la digue.
La digue attire en priorité les propriétaires de chiens et de jeunes enfants à roues ou à roulettes (landeaux, poussettes, vélos, rollers, etc.). Elle attire également l’amateur de prestation sociale qui cherchera du regard les untel pour faire quelques amabilités et plus si affinité. C’est une distraction très appréciée par les bourgeois des stations chics, la rencontre inopportune sur la digue étant toujours l’occasion du fameux « brin de causette » qui fait passer le temps et renforce le sentiment de classe.
Implication de niveau 3 : le sable.
Le sable a cette particularité d’offrir un cadre idéal à deux tempérament opposés : l’actif et le passif. En effet, l’actif peut à loisir marcher, courir, pelleter, construire, piloter et s’impliquer dans de nombreux jeux individuels ou collectifs. Pendant ce temps, le passif reste allongé. Parfois il lit, mais seulement quand il est sur le ventre sinon ça fait de l’ombre et ça perturbe le bronzage.
Implication de niveau 4 : l’eau.
L’eau attirera surtout l’actif. Au-dessus ou en-dedans, il pourra libérer cette formidable énergie qui sommeille en lui. De temps en temps, il croisera un passif qui vient se rafraîchir. Les passifs sont faciles à reconnaître : ils mettent un temps fou à entrer dans l’eau et ils hurlent quand ils se font éclabousser. Mais bon, comme tout le monde, une fois dedans, ils la trouvent bien bonne.
Ignatus 2006