2009 : l’art est facile, mais la critique est difficile.
Combien de million d’artistes sur MySpace ? Oui, il y trop d’artistes, et c’est tant mieux. Peut-être la planète est-elle en train de basculer dans une période où il y aurait plus d’artistes que de militaires. Pourvu que ça dure! Maintenant, il est plus facile de faire de la musique aujourd’hui qu’il y a 50 ans. La musique s’est ouverte aux non techniciens, elle s’est ouverte aux réfractaires au solfège, et ça a donné des artistes « instinctifs », libres du formatage classique et qui ont placé leur inventivité sur d’autres terrains : le son, l’énergie, le texte… C’était vrai pour les punks, pour les « électroniciens », c’est encore plus vrai aujourd’hui au vu des nouveaux outils de composition sur ordinateur. La rythmique se cale d’elle-même sur le tempo, les faussetés du chanteur sont corrigées automatiquement… d’un clic de souris, des centaines d’instruments et d’effets sonores sont proposés aux musiciens de « home studio » ! On entend donc aujourd’hui beaucoup de bonne musique sur les sites internet des musiciens du monde entier.
Maintenant, citez-moi un critique de musique…
Bon, Philippe Manœuvre, le mariole cultivé qui passe à la télé. Et sinon…
Dans les années 60 et même 70, les disques de rock anglais ou américain étaient difficile à se procurer. Pour peu que vous n’habitiez pas à Paris, c’était le parcours du combattant. Ces disques étaient assez cher et il y avait de plus peu de possibilité pour les entendre avant l’achat. Donc, pour être sûr de ne pas se tromper, les fans de musique dévoraient les revues, repéraient les journalistes avec lesquels ils avaient des affinités, et orientaient ainsi leurs achats. J’ai personnellement le souvenir d’un comportement similaire avec « les Inrocks première mouture ».
Aujourd’hui, la critique ne fait plus vendre. Sans doute s’est-elle trop fourvoyée avec les maisons de disque ne devenant plus que le relais promo des majors. De plus, les revues spécialisées subissent la crise du disque, leurs «acheteurs d’espace» devant faire des économies. Mais le problème principal que rencontre actuellement la critique, c’est qu’elle devient inutile puisque le passionné de musique a un accès direct à celle-ci. Au final, le fan de musique aura peut-être aujourd’hui plus confiance dans un blog dont l’auteur pourra écrire en toute liberté que dans un critique établit dont on ne sait pas vraiment pourquoi il défend tel disque et pas tel autre. Le blogger n’a pas vocation à être objectif, ce qui lui facilite la tâche.
Et comme moi aussi, je n’ai pas vocation à être objectif, je dis donc, qu’en 2009, l’art est facile, mais la critique est difficile…
ignatus 2009