Le 15 mars à l’Hôtel Lauzun
23 février 2019Vendredi 15 mars, j’ai la chance d’être invité par le Festival Paris Music à chanter à l’Hôtel de Lauzun où se réunissait le Club des Haschishins, et je voudrais faire de ce concert un moment particulier.
Théophile Gautier, un des tous premiers «clients» du club, a décrit les effets de l’absorption de haschich en trois phases : hyperesthésie des sensations, en particulier auditives, la dilatation du temps, et enfin l’apparition de figures grotesques. Même si mon album [e.pok] n’a pas été conçu sous l’effet du haschisch, il s’avère que chaque chanson répond tout à fait à au moins un de ces trois aspects avec les étonnantes interventions électro-acoustiques de Nicolas Losson (Lire le matin, Epok…), les tempos lents et la place laissée aux ambiances (Le Détroit de Béring, Dans l’eau…), et enfin des incarnations extravagantes (Oiseau, Florida, La peinture à l’alcool…). Tout au long du spectacle seront dit des extraits de sa nouvelle «Le Club des Haschischins» qui entreront en résonance avec le lieu comme avec les chansons, les textes et les haïkus que j’aurai choisi à cet effet ; pour que ça soit un moment unique dans un lieu mythique.
ignatus
Rappel historique :
Le Club des Haschishins, fondé par le docteur Jacques-Joseph Moreau de Tours, se réunissait tous les mois de 1844 à 1849 chez le peintre Joseph Ferdinand Boissard de Boisdenier à l’Hôtel Lauzun (appelé également Hôtel de Pimodan) sur l’Ile Saint-Louis. Le haschich, qu’il ramenait de ses voyages au Moyen-Orient, était alors bu ou mangé. Parmi les nombreux scientifiques et artistes ayant participé à ces séances appelées fantasias, on trouve Charles Beaudelaire (qui a logé deux ans dans l’hôtel), Gérard de Nerval, Gustave Flaubert, Alexandre Dumas, Honoré de Balzac et les peintres Honoré Daumier et Eugène Delacroix.
Un soir de décembre, obéissant à une convocation mystérieuse, rédigée en termes énigmatiques compris des affiliés, inintelligibles pour d’autres, j’arrivai dans un quartier lointain, espèce d’oasis de solitude au milieu de Paris, que le fleuve, en l’entourant de ses deux bras, semble défendre contre les empiétements de la civilisation, car c’était dans une vieille maison de l’île Saint-Louis, l’hôtel Pimodan, bâti par Lauzun, que le club bizarre dont je faisais partie depuis peu tenait ses séances mensuelles, où j’allais assister pour la première fois.
Théophile Gauthier, extrait de «Le Club des Haschischins»
Vendredi 15 mars à 18h, 11 €
Hôtel de Lauzun, 17 quai d’Anjou (Ile Saint-Louis), 75004 Paris
Festival Paris Music