Ca tombe du ciel…
22 septembre 2009Depuis longtemps, les artistes rechignent à clairement dire comment ils écrivent et très rare sont ceux qui admettent publiquement que le talent n’est rien sans travail. Brassens et Brel l’ont fait. John Cale et Lou Reed, dans leur album hommage à Andy Wharol, ont chanté le titre « Work » où ils expliquent que leur mentor ne cessait de les pousser au travail quand, du temps du Velvet Underground, ils avaient tendance à se la couler douce…
De fait, les clichés du rock, hérités du romantisme, déteignent aujourd’hui sur toute la musique : pour être crédible, l’artiste doit être dépressif, alcoolique ou toxico, se lever et se coucher très tard, avoir connu un nombre important de galères (enfance difficile, premières expériences ratées avec si possible premiers enregistrements refusés par la terre entière…), et bien sûr, ne jamais travailler. Il faut remercier le ciel de donner toutes ces idées qui font de l’artiste un mec cool, voire génial.
Un artiste qui, dans un interview commence à dire qu’il se lève le matin de bonne heure pour bosser, ça n’est pas bon du tout pour l’image. Mieux vaut raconter que telle chanson a été écrite en un quart d’heure au milieu de la nuit dans une cabane du Nouveau-Mexique sous l’effet conjugué du mescal et du peyolt et après avoir rencontré un vieux chef indien qui discutait le bout de gras avec des loups.
Bien entendu, la réalité est toute autre. Après les concerts, Jagger et Richards travaillaient leurs chansons dans leur chambre d’hôtel pendant que les autres faisaient la fête. François Bon, dans son excellent livre sur Led Zeppelin, explique également que les frasques attribués au groupe étaient le fait du batteur et de l’entourage du groupe, alors que Jimmy Page ré-écoutait systématiquement les enregistrements de tous leurs concerts…
Le problème, c’est qu’en donnant cette image, les artistes cachent le fait que d’écrire, d’enregistrer et de jouer des chansons, c’est du temps, beaucoup de temps, et beaucoup d’énergie aussi. Ils cachent le fait que c’est un métier et que, comme tout métier, il mérite rétribution. Finalement, ils donnent des arguments au public qui se donnera bonne conscience de pirater les œuvres en disant : ça leur tombe du ciel, pourquoi je paierai pour ça, sinon pour enrichir les producteurs, toujours vu comme se payant sur le dos des artistes et là, aussi, il faudra rectifier cette image caricaturale.
Mais ça sera pour une autre fois parce que là, je n’ai plus le temps (j’ai une chanson à travailler).
Ignatus
2009
Ah bon ? Tu ne vis pas dans les
Cristophe | 23 septembre 2009Ah bon ? Tu ne vis pas dans les paillettes, la drogue et les filles faciles ?
d:-)
La nuit seulement...
Ignatus | 24 septembre 2009La nuit seulement…